Paleficat

Paléficat, domaine de Bernuy

    Le domaine de Paléficat fut toujours le plus important du gardiage du capitoulat de Saint-Sernin. Cependant le château de Paléficat devait exister lors de l’entrée solennelle de Louis XI , c’est-à-dire en 1439, car ce fut là que les capitouls vinrent à la rencontre du prince ; mais il pouvait bien avoir disparu à l’époque de la rédaction du cadastre de 1478. Entre ces deux dates vient en effet se placer la dernière période de la guerre de cent ans, durant laquelle il fut peut-être détruit.

    Le cadastre de 1571 atteste au contraire son existence et attribue au domaine qui en dépendait une contenance de 269 arpents 7 boisseaux ½. Celui-ci était estimé terre bonne pour 40 arpents, terre moyenne pour le reste et était allivré à 21 livres 3 sols 10 denier ¼. Il appartenait à cette époque à noble Jean de Bernuy, seigneur de Paléficat, qui y tenait « chasteau appelé de Paléficat avec trois métairies, granges, puits rodiers, preds bois brugues et terres tout joignant ».

    Ce Jean de Bernuy était le fils du célèbre marchant et financier Jehan de Bernuy, d’origine espagnole, dont un manuscrit de la bibliothèque de la ville de Toulouse nous a conservé les lettres de naturalisation datée de 1509. Celui-ci se faisait descendre des anciens gouverneurs de Burgos. D’après une généalogie conservée aux archives notariale , Don Jean de Bernuy, habitant de Saragosse, avait eu quatre enfants : Jean, Fernando, Don Piétro et un autre mort à Milan . Don Piétro qui était l'aîné eut deux fils Don Diégo et Don Jehan. C’est ce dernier qui vint à Toulouse et s’y maria avec Marguerite du Faur ( Fabri) de Saint-Jory .

    Jean de Bernuy était venu à Toulouse dans les dernières années du quinzième siècle, en compagnie de deux autres gentilshommes espagnols Pierre Lopez et Pierre de Saint-Etienne, avec lesquels il fit en grand le commerce du pastel. Cette industrie était alors très répandue en Languedoc. Lopez mourut en 1499, mais le commerce fut continué par ses coassociés.

    Bernuy se rendit bientôt acquéreur de plusieurs domaines. Les registres du notaire Mandinelli, conservés aux archives notariales, en fournissent la preuve. En ce qui nous concerne, nous le voyons acheter la seigneurie de Paleficat à Jean Bonetti, seigneur de Bonrepos et de Bellevue, le 5 janvier 1507, pour le prix de 3.800 livres.

    Il devait plus tard agrandir ce domaine au moyen de diverses acquisitions et notamment de la métairie contiguë de Grand-Selve. Gabriel de Narbonne, abbé de Grand-Selve, lui en faisait l’échange le 16 février1527 contre deux uchaux du moulin du Bazacle. La métairie n’en avait pas moins appartenu pendant prés d’un siècle aux Bernuy, seigneurs de Paléficat.

    Jean de Bernuy était devenu propriétaire, dans la rue des balances, d’une grande partie du moulon ou il devait bâtir son hôtel tout à fait au début du seizième siècle, ainsi que l’attestent les registres de Mandinelli, son notaire.

    C’est en 1502-1504 qu’il y commença la construction de son hôtel, car il passait alors les baux à besogne à cet effet avec Guillaume et Jean Picart père et fils et Aimeri Cayla maçons et sculteurs, pour construire une maison avec salles voûtées, fenêtres sculptées et créneaux.

    Ce fut deux ans plus tard que Jean de Bernuy faisait dans son hôtel une magnifique réception à François 1^er. Le roi, venu à Toulouse, accepta de s’asseoir à sa table, en reconnaissance de la générosité avec laquelle Bernuy avait voulu contribuer à sa rançon et même se porter garant de la totalité. En 1534, Jean de Bernuy fut nommé capitoul. Il faut placer la mort du riche marchant en l’année 1540.

    En l’année 1543, Jean de Bernuy fils se faisait consentir « la justice de Paléficat » par les commissaires que François 1^er avait chargés de la vente du domaine de la couronne, en vue de procurer les ressources nécessaires pour la guerre contre Charles-Quint qu’il méditait.

    Les Bernuy portent blason : d’azur à deux navires flottants sur des ondes d’argent posés l’un derrière l’autre, à l’orbe de gueules chargé de huit coquilles d’argent.

    En 1626, Paléficat appartenait à David de Bernuy, baron de Villeneuve, ainsi que l’atteste un arrêt du parlement intervenu au sujet d’une affaire dans laquelle ledit baron se trouvait impliqué. David était l’arrière-petit-fils du riche marchant, par son grand-père Guillaume.

    Ce même David de Bernuy reparaît comme seigneur de Paléficat en 1640, dans un procès au sujet d’une censive et de droit seigneuriaux dus au Chapitre de Saint Sernin.

    David de Bernuy laissa pour héritier son frère Messire Jehan de Bernuy-Villeneuve chevalier de Saint-Jean de Jérusalem bailli de l’aigle et sénéchal de Malte, à charge par ce dernier de transmettre ses biens. à son décès, à tel ou tel de ses parents qu’il voudrait, mais sans aucune distraction.